Le début de l'aventure


Feuille d'avis de la Vallée de Joux - Avril 2014

La Valeur du Temps retrouve une seconde jeunesse

 

Fermée depuis près de trois ans, la brasserie La Valeur du Temps a rouvert ses portes le 22 avril dernier. Désormais à la tête de l’établissement du Sentier, Guilhermina Beier-Barbosa s’est forgé une solide réputation au Pied du Jura et, plus particulièrement, à Saint-Georges où elle a tenu durant cinq ans Le Cavalier. Une carte de visite qui en dit long.


Après avoir géré en parallèle le célèbre établissement de Saint-Georges et le Philadelphia Pub à Bière, Guilhermina Beier-Barbosa a décidé de mettre la pédale douce et de ne se consacrer qu’à une seule enseigne. Celle, en l’occurrence, de La Valeur du Temps... Une sage décision dictée par l’évidente difficulté à travailler sur deux fronts sans y laisser à moyen terme sa santé.

Vous avez dit passion
En 2003, elle abandonne donc les rennes du Cavalier pour s’accorder un break qui n’en pas vraiment un. Et pour cause, elle reste propriétaire et gérante du Philadelphia, et, ce qui va de pair, la Mama Yoya des jeunes recrues et des officiers, un sympathique sobriquet qu’elle doit à ses origines créoles.


Née dans les îles du Cap-Vert et établie en Suisse depuis plus de 25 ans, cette quinquagénaire, ô combien chaleureuse et souriante, n’en a pas pour autant oublié ses racines et l’indispensable soleil nécessaire à faire pousser les fleurs dans le cœur de ses hôtes. Tout au contraire!


Celle qui a fait sienne la devise de Brillat-Savarin «Convier quelqu'un, c'est se charger de son bonheur pendant tout le temps qu'il est sous notre toit» avouait en son temps à l’un de nos confrères que «partager sa table c'était d'abord un rêve, puis une obsession et, finalement, une folie». Nous voilà prévenus.


A cet art de recevoir chevillé au corps vient s’ajouter le goût tout aussi franc et naturel de faire plaisir. Et que l’on ne s’y trompe pas, le mot n’a là rien de galvaudé; qui plus est lorsqu’il se conjugue parfaitement avec différence. Celle qui enrichit l’âme et régale papilles.


En résumé, avec ces 75 places, son cadre moderne et chaleureux, son coin cosy et son bar à whisky, l’ancien Lion d’Or retrouve une seconde jeunesse tout en acquérant de nouvelles lettres de noblesse.

 

 

Pomme et citron vert
Si, sans mauvais jeu de mots, Le Cavalier fut à cheval entre deux cultures culinaires, la Valeur du Temps fait désormais fi des fuseaux horaires. Avec d’un côté une cuisine traditionnelle, simple et conviviale, et de l’autre une incitation à visiter les Tropiques, la carte est celle de l’embarquement immédiat. En première classe, comme il se doit.


Mais que l’on se rassure, cette invitation au voyage immobile reste à la portée de toutes les bourses.


Du menu surprise «Saudadje» selon son budget aux acras façon maison, crevettes aux parfums des îles et autre batucco de thon en passant par les gambas sauvages à la mode créole et le sauté de dinde au curry vert, manioc et papaye verte, la note est nettement plus proche de la croche que du bémol.


Itou pour les mets bien de chez nous qui, entre foies gras au torchon, filets de féras du lac (au diable les sempiternels filets de perches!) et entrecôtes parisiennes, ne fileront aucun bouton aux pince-mailles. En bref et s’agissant de la carte ou du menu du jour, le rapport qualité-prix s’inscrit dans une très bonne moyenne.


Bonne chère et grand accueil font joyeux festin
Cela étant, qui dit bonne cuisine, dit talent aux fourneaux. Par les temps qui courent, dénicher la perle rare est loin d’être aisé et il aura fallu à Guilhermina Beier-Barbosa quelques nuits d’insomnie pour résoudre ce qui semble devenir un véritable problème.


N’en déplaise aux inconditionnels de la régulation à tout va, c’est du côté français que la solution a été définitivement trouvée en la personne de Benjamin Chopard.


Ce maître queux, des plus sympathiques et manifestement amoureux de son art, a  fait son apprentissage à Poligny avant de fourbir ses armes en Afrique du Sud.  Établi désormais à Malbuisson, le jeune homme prend ainsi de l’altitude après s'être forgé une solide réputation du côté de Mégève et de Saint-Trophée.


Si l’on ajoute à ce duo qui fait désormais la paire, un autre tandem de charme apte à faire valser les assiettes en salle et l’ensemble de l’appareil administratif, nul doute que l’équipe de la Valeur du Temps saura se montrer à la hauteur des attentes. Même si celles-ci se font au contour…


La conclusion est limpide et alléchante; à La Valeur du Temps, vous dégusterez désormais une cuisine aux petits oignons et vous y serez reçus comme des coqs en pâte.


Bon appétit!

Alex Charmey